IL EST DES GROUPES qui ne se
contentent pas de jouer de la
musique mais qui créent une
ambiance, un monde à eux.
Bimbo Killers fait partie de ces
phénomènes rares et son dernier
album confirme la tendance.
Originaire d’Avignon, le gang
officie dans un style unique : le
bloody punk’n’roll. Vous aurez
compris, ça joue vite et fort et le
chanteur gueule à s’arracher les
tripes. Il n’en faut pas moins pour
habiter (hanter ?) pareilles chansons.
Car on oscille entre la planète
bukowskienne, où un Henry
Chinaski contemple avec dégoût sa
vie de raté dans une piaule sordide,
et un film de série B racontant l’histoire
de jeunes gens en vacances
dans un cabanon perdu construit
sur un ancien cimetière indien…
L’album est sanglant, glauque et
subversif. On se sent happé dans
une sorte de fête foraine décadente
et surréaliste où se côtoieraient
zombies, loosers et assassins. Mais
si nos pas nous mènent jusqu’au
chapiteau des Bimbo Killers, on
verra que derrière toutes ces horreurs
se cachent aussi des histoires
d’amitié et de solidarité. La preuve :
cet album est accompagné du bouquin
Du sang sur les murs, où des
potes aux Bimbos s’inspirent de
l’univers du groupe pour nous faire
frissonner tout au long des
240 pages de nouvelles, de poésie,
de BD et de dessins. La participation
de treize labels aura été nécessaire
pour que ce projet aboutisse,
ce qui devrait assurer un bon achalandage
des lieux de perdition. Et
pour ceux qui ne les fréquentent
pas, ils peuvent toujours aller faire
un tour sur le site : http://bimbokillers.free.fr
Article publié dans CQFD n° 50, novembre 2007.