LE 19 NOVEMBRE, François Fillon, accompagné de
Luc Chatel et Valérie Pécresse, passe par Reims
pour faire un coup de pub sur la réforme des
lycées. Une grosse centaine de lycéens se rassemblent
devant leur bahut.Illico presto, la flicaille charge et gaze.
Bilan,douze interpellations.Dans les jours qui suivent,
trois jeunes se prendront trois mois de prison avec
sursis. Curieusement, les autorités auront tenu les journalistes
à distance de l’affaire. Pourtant, depuis le mois
d’octobre,l’agitation lycéenne contre la réforme Chatel
n’a cessé de s’étendre ici, s’éteignant là, pour repartir
avec vigueur ailleurs, sans que les médias aux ordres ne
fassent leurs titres sur le fait que « ces mobilisations
lycéennes [sont] l’occasion de "stages de remise en
forme" pour les forces de l’ordre », comme le dit gentiment,
le 27 novembre, le leader de l’Union nationale
lycéenne. Cinq lycéens arrêtés à Dijon et sept à Rouen
le 19 novembre. Six à Nîmes le 26 novembre. Dix interpellations
à Nantes le 1er décembre lors d’une nouvelle
manif. C’est dans le plus total silence médiatique
imposé par les autorités en train de se faire dessus à
l’idée d’une agitation lycéenne, qu’un peu partout ont
lieu manifs, blocages, débats en soutien aux jeunes
interpellés, rassemblements avec des postiers en lutte,
des parents d’élèves et des étudiants. En en oubliant
sûrement quelques-uns, CQFD livre ici une liste de ces
frémissements juvéniles : Rennes, Loudéac, Saint-Lô,
Marcq-en-Baroeul, Toulouse, Saint-Brieuc, Libourne,
Lormont, Coutances, Argentan, Douai, Quimper, Les
Sables-d’Olonne, Gelos, Tours, Villeneuve-sur-Lot,
Granville, Le Puy, Montreuil-sur-Mer, Colmar, Rodez,
Bergerac… Mais que veulent ainsi occulter médias et
politiciens ? « Un malaise plus profond plutôt qu’un
simple “embarras pédagogique” [1] », répond le proviseur
d’un lycée nîmois. Tu l’as dit, bouffi !
Article publié dans CQFD n°73, décembre 2009.