Non, Mariagora n’est pas le nom d’une sorcière de série B, mais
celui du salon du mariage de Marseille, qui a tout pour plaire. À
commencer par une affiche top glamour, où on voyait une cagole
se faire chasper les nénés par un marié en plastique trônant au
sommet d’une pièce montée. Du 13 au 15 novembre, les marchands
du temple virginal s’en sont donné à coeur joie : offres
multiples de crédits personnalisés pour louer la salle, la limousine,
la robe à frous-frous affriolants, le traiteur parisien, les
larbins en livrée, un sac de riz… Mais le 15, une marche nuptiale
imprévue vint troubler les ébats du bizness. Une brunette en robe
immaculée, un prêtre en soutane et un novi gluant d’amour firent
leur apparition dans les allées, suivis par un cortège d’invités surprise
brandissant des pancartes pleines de sentiments, telles que
« Le crédit c’est pour la vie » ou « Vive ta robe ! ». Au carrefour central,
cérémonie. « Raymond, euh, non, Jean-Pierre, veux-tu prendre
Céline pour propriété privée ? » Au moment où le curé allait passer
des chaînes aux poignées du couple, il se fit ceinturer sans douceur
par des vigiles. La magie d’un instant unique tournait
vinaigre. Au bras de sa fiancée, un jeune acnéique en survêt’ de
l’OM cria, des sanglots dans la voix : « Enculés ! Il y a des enfants,
ici ! » Traînée vers la sortie, la fausse mariée réussit à briser le
flacon d’hémoglobine qu’elle serrait entre ses cuisses, maculant
à tout jamais ses belles dentelles. « Terroristes ! », éructa le chef
de la sécurité. Message reçu : le mariage est une belle (t)erreur.
Article publié dans CQFD n°73, décembre 2009.