Mis à jour le :15 octobre 2010. .
Petite annonce discrète
L’Acta a le plaisir d’annoncer la publication
prochaine du traité international qui vient
d’être finalisé par ses soins. L’Acta ? L’Accord
commercial anti-contrefaçon, qui réunit les
pays riches : quelque chose qui ressemblerait
à une sorte de G20 non-officiel. Anti-contrefaçon ? Tout ce qui va depuis la
production de médicaments génériques
jusqu’au téléchargement illégal de films sur
Internet, autrement dit une protection très
très complète des droits de propriété
intellectuelle. Un traité international ? Mais
oui, un traité, négocié depuis 2007 dans le
plus grand secret, qui donnerait des pouvoirs
de surveillance et de répression accrue aux
États, cela va sans dire. Et si on se mettait à en
causer beaucoup moins discrètement avant
qu’on nous le refourgue en contrebande ?
Grève
La grève ! Oui, la grève ! Générale,
reconductible, sauvage. Port, trains, chimie,
hosto, bahuts, facs, routiers, télé, EDF !
Partout la grève ! Yes ! Hop, hop ! Blocages
des routes, péages, terminaux. Coupures de
jus ! Ouais ! Occupations des bâtiments !
Boum ! Enfin ! Ça va le faire ! On y est
presque ! Ça vibre, ça tremble, ça frétille ! La
rue à nous ! Pas la peine de mettre un cierge
à la Bonne-Mère, tu sens pas que ça vient ?
Oui ! Non !… Ma foi !
Un flic peut en cacher un autre
Instructive vidéo réalisée lors de la
grande manif intersyndicale du
29 septembre à Bruxelles : on y voit les
flics arrêter préventivement et
bastonner généreusement. Les
manifestants s’échauffent, protestent et
crient « Liberté ! », « No border, no
nation, stop deportation ! » Un membre
du service d’ordre, mégaphone à la
main, entonne un refrain différent :
« Restez calmes ! Laissez tomber ! Les
policiers sont des travailleurs comme
nous. Laissez-les tranquilles ! Laissez-les
faire leur boulot ! » Ben voyons ! C’est
pas plutôt les SO syndicaux qui sont
des flics comme les autres ?
Inspiration ibérique
Piquets d’information avec
vouvouzelas et pétards devant les
banques, assemblées de quartier, débats
sur l’économie solidaire, trois voitures de
police parties en fumée, occupation du
siège d’un ancien organisme de crédit
avec affichage de banderoles sur le mode
« Les banques nous étouffent, le patronat
nous exploite, les politiques nous
mentent, les syndicats nous vendent. Aux
chiottes ! » ou « Ce n’est pas la crise, c’est
le capitalisme. » : eh oui eh oui, tu l’as
deviné, c’est pas chez nous… mais c’est
pas non plus une pure utopie. Ça s’est
passé à Barcelone le 29 septembre : y a
pas à dire, nos cousins catalans savent
mener une grève générale.
Dignité de la femme
Le label Decca, filiale de Vivendi-Universal, va sortir un album de chants
grégoriens commis par des nonnes,
surfant ainsi sur une tendance à la
haute spiritualité mercantile. Les futures
stars sont des moniales bénédictines du
Barroux (Vaucluse), une abbaye
intégriste où elles vivent recluses dans la
non-mixité, couvertes d’un voile quasi
intégral et dans l’adoration extatique
d’un gourou que d’aucuns prétendent
mort et ressuscité il y a plus de 2 000
ans. « Afin que soit respectée l’intimité
des soeurs, lit-on dans Le Dauphiné libéré
du 28 juillet dernier, le directeur général
de Decca Records a remis le contrat aux
religieuses cloîtrées à travers une grille de
barreaux de bois, qui sépare ces dernières
du monde extérieur. » Au nom de la
république et de Manuel Valls, arrachons
leur voile et libérons-les de
l’obscurantisme. Et qu’elles chantent du
R’n’B, foutredieu !
Défiscalisation
Enchantée de voir l’éxécutant Kerviel
porter seul le chapeau de ses faramineuses
pertes, la Société Générale se fait généreuse :
elle ne lui réclamera pas les 4,9 milliards
évaporés dans les limbes du boursicotage
virtuel. De toutes façons, il aurait mis
10 000 ans à rembourser. Mais un détail n’a
pas échappé au Télégramme de Brest du
10 octobre : « La fiscalité des sociétés leur
permet de bénéficier, en cas de pertes
exceptionnelles sur un exercice donné, d’une
déduction d’impôt. Elle atteint un tiers de la
somme perdue, soit le taux d’imposition
normal des sociétés. […] La SG a récupéré
1,7 milliard d’euros sur les 4,9 milliards
perdus en 2008. » Si tu as paumé ton emploi
lors de l’année fiscale en cours, pense à
réclamer toi aussi ton exonération. Ils vont
sûrement te l’accorder, y a pas de raison.
Un bulldozer ? Quel bulldozer ?
Nos collègues du mensuel Le Ravi ont
débusqué de sacrés scoops en organisant
un débat sur Marseille capitale
européenne de la culture 2013. Première
perle, sortie du museau UMPiste de
Renaud Muselier : « Non, il n’y a pas de
gentrification à Marseille. Ce n’est pas
parce qu’on vient voir un spectacle qu’on
s’installe. » Et le PS Patrick Menucci
d’abonder : « Si je pouvais avoir un
exemple de gentrification [dans les
quartiers populaires de] Belsunce ou
Noailles, ça ne me dérangerait pas. Mais je
n’y crois pas, Marseille Provence 2013 n’est
pas un événement assez important. »
Puisque ce sont le président de
l’association « Pensons le Grand
Marseille » et un membre du CA
d’Euroméditerranée (vaste projet
d’urbanisme rêvant Marseille en
mégapole techno-financiaro-culturelle)
qui vous le disent…
Liberté de manifester ?
Des dizaines d’arrestations préventives,
un millier de gardes à vue, une centaine
de libérations conditionnées par le fait de
« ne pas participer à des manifestations
publiques » et un gars arrêté pour avoir
« violé cette condition » en prenant part…
à un débat universitaire : ça, c’était au
Canada avant, pendant et après le
sommet du G20 de juin dernier. Des
centaines d’arrestations, préventives
pour la plupart, de clowns, de gens un
peu trop groupés ou trop proches d’un
camp No-Border : ça, c’était à Bruxelles
fin septembre, lors de la Semaine pour
la liberté de circulation et de la
manifestation européenne contre la
précarité. Ne reste plus qu’à organiser
des manifs préventives.