« Si ce boulot te plaît pas, y a du monde qui attend derrière. » La précarité est une phénoménale source de matière première. En période électorale, ce vivier fragilisé est une aubaine. Bruno Gilles, député-maire du 3e secteur de Marseille, détourne le fichier des vacataires de sa mairie au profit de son candidat.
La lettre est à en-tête : « L’avenir se joue en 2007. Construire ensemble », slogan accolé aux noms de Jean-Claude Gaudin, Renaud Muselier et Bruno Gilles, le signataire de la missive. Expédié en septembre 2006, ce courrier est adressé entre autres à M. F. Surprise et stupeur ! M. F. n’a jamais rencontré Bruno Gilles, député des Bouches-du-Rhône et maire du 3e secteur de Marseille, dont dépendent les 4e et 5e arrondissements. Son seul contact récent avec la mairie a été un (...)
Chapeau, Thierry F. ! Quarante-cinq balais et vingt-deux passés au chômdu. Un gus témoignant une telle aversion pour le chagrin mériterait le prix Farniente de CQFD. « À 65 ans, mon père, qui avait travaillé toute sa vie, s’est retrouvé avec 600 euros de retraite. [...] Sans le vouloir, il ne m’a pas encouragé dans la voie du travail », écrit-il dans son bouquin [2]. Mais voila où le bât blesse : pourquoi ce jean-foutre étale-t-il sa vie de « chômeur professionnel » ? Fièrement, il dévoile son « secret », l’ASS, ou Allocation spécifique de solidarité. « J’imagine que le terme est étranger à beaucoup d’entre vous », s’amuse-t-il. Justement non, t’es mal tombé. L’ASS - 440 euros par mois - ce n’est pas Byzance. Thierry F. explique que c’est suffisant, à condition de vivre chichement. Entendez en étant l’heureux propriétaire d’un appart’ et d’une bagnole. Trente mètres carré à Roanne, ce n’est (...)
« J’ai été menacée de mort par l’OAS en Algérie, et puis j’ai été syndicaliste pendant quarante ans alors c’est pas HMP qui va m’intimider. » HMP, c’est Habitat Marseille Provence, un organisme HLM de Marseille, et celle qui parle ainsi, c’est Suzanne, 78 ans et une gnaque intacte. Depuis quatre ans, cette petite grand-mère au tempérament volcanique les emmerde et la mairie avec, en refusant d’être relogée pour laisser la place à des bureaux. Tous ses voisins sont partis mais Suzanne résiste : « C’est une question de principe. Certes, le Racati c’est mon quartier, j’habite ici depuis vingt-cinq ans, mais j’habiterais le Prado [3] ou on me proposerait d’y aller, ce serait pareil. Des immeubles de bureaux désaffectés, y en a au moins trois dans le quartier et les politiques n’arrêtent pas de dire qu’il n’y a pas assez de logement social. Et en plus, on en supprime ? C’est scandaleux ! J’ai fait du droit, je sais que je suis inexpulsable. » Depuis quatre ans, Suzanne vit donc seule dans une tour de dix étages. L’ascenseur ne fonctionne que pour elle et une femme de ménage entretient son palier et le hall d’entrée. HMP lui a quand même coupé le chauffage central et espère, sans oser l’avouer, avoir la grand-mère à l’usure. Pas question en tout cas de « rendre l’immeuble à l’habitation classique ». Dans le quartier, on soutient Suzanne, on surveille discrètement qu’il ne lui arrive rien de fâcheux, on râle - « tous ces appartements vides encore en bon état » - et timidement, on espère que « l’irréductible » gagnera son combat.
Pas collabos
Le 9 novembre à Marseille, la police renonce à embarquer des sans-papiers sur le ferry pour Alger, les marins CGT s’y opposant. Parmi ces sans-pap’, M. Douibi, papa de la petite Nihad, que les flics viennent visiter le jour même à l’école. Réaction : sept instits sur dix se mettent en grève. Une école voisine débraye. Des parents se rendent avec leurs minots et des enseignants devant la préfecture. Le préfet ne les reçoit pas, il ne fait qu’obéir aux ordres.
Pas collabos bis
Le 11 novembre à Marignane, la police tente la voie des airs pour expulser M. Douibi. Mais, scandalisés par la brutalité des cognes, des passagers refusent d’attacher leurs ceintures et l’avion reste cloué au sol. Des manifestants pénètrent sur le tarmac et se frottent aux forces de l’ordre : huit interpellations. M. Douibi est placé en garde à vue, puis le proc’ capitule, le laissant rejoindre sa famille. C’est l’armistice.
Renseignements générals
Décembre 2005. Les Renseignements Généraux rapportaient que « la France a connu une forme d’insurrection non organisée avec l’émergence dans le temps et l’espace d’une révolte populaire des cités, sans leader - ni caïds, ni intégristes - et sans proposition de programme. » Avril 2006, le directeur des RG est limogé. Octobre 2006, un nouveau rapport affirme que oui, il existe dans les banlieues la possibilité de débordements « non plus spontanés, mais (...)
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