Le 17 septembre 2008, 200 000 exemplaires d’un journal éphémère étaient distribués gratuitement dans toute la Catalogne. Le jeune activiste Enric Duran s’y vantait d’avoir escroqué près de 500 000 euros à 39 organismes financiers en sollicitant une soixantaine de crédits à la consommation ou autres prêts à des entreprises fictives. Le journal, baptisé Crisi, appelait à l’insoumission bancaire et à l’association de tous les mauvais payeurs, volontaires ou (...)
Chronique d’un retour aléatoire
A S’EST PASSÉ TRÈS VITE. Vingt agents en civil de la division d’investigation criminelle se sont jetés sur Enric Duran et l’ont entraîné vers un fourgon stationné devant la fac occupée. Trois unités de CRS locaux couvraient l’opération. Le 16 mars, au cours d’une conférence de presse, Enric avait dévoilé son retour à Barcelone et annoncé la distribution de Podem !, nouvelle publication gratuite incitant à (...)
Hal-lu-ci-nant ! Le 1er mai, jour de la Fête du travail, les syndicats appellent à manifester. L’événement est de taille. Pour rendre compréhensible le choc de cette effarante décision, les médias ont fait dans la pédagogie en notant qu’au grand jamais les syndicats n’avaient défilé « tous ensemble, tous ensemble » en ce jour de célébration de l’abomination salariale. Raison d’une telle audace : « poursuivre le mouvement social ». Après les défilés massifs du 29 janvier, puis ceux du 19mars, les syndicats, encore émoustillés par des succès aussi décisifs, ont donc courageusement décidé d’engager la poursuite, d’un pas de sénateur : on sort les drapeaux, les fanions et la sono tous les quarante jours. « Maintenir la pression » disent les chefs syndicaux. « Faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités », osent-ils à la sortie d’un (...)
L’ABONNEMENT OU L’ABANDON », hoquetait CQFD en septembre 2008, lançant
un ultime appel au secours à son cher lectorat. L’Autre Réseau, site
d’informations indépendant qui avait été un des premiers à relayer notre
éructation intestinale, vient, lui, de lâcher l’affaire sans crier gare, après
huit minuscules mois d’un labeur exemplaire.
Son créateur et seul animateur, Arsène, s’est fendu d’un billet adressé au site du Monolecte pour expliciter ses raisons. Raisons que nous pourrions tous reprendre à notre
compte, entre absurdité de la logorrhée militante et esclavage de l’écran,
plat ou non. « On veut soutenir, par exemple, les Indigènes [de la
République], et l’on soutient du même coup certaines formes de positions
identitaires ; on veut soutenir les luttes des femmes, et l’on soutient la
haine des hommes ; on veut soutenir la lutte contre les discriminations,et
l’on soutient le retour des discriminations dans leur forme la plus sordide
[le « non-mixte », entre autres fadaises], on veut soutenir la lutte
contre l’homophobie, et c’est la haine des hétéros que l’on soutient […]. »
Un peu plus loin, le bougre enfonce le clou avec la lucidité d’un compagnon
charpentier : « Pendant un certain temps, je m’étais fait une raison,
en me disant : Eh bien soit ! Publions tout, chacun reconnaîtra ce qui le
concerne ! Et là encore, ce fut une erreur : une telle position ne fait que
valider la victoire totale du communautarisme, la victoire du chacun-poursoi,
qui est la vraie victoire du libéralisme […], et je ne voulais pas aider
cette extrême droite, ces identitaires-là, même si elle prenait chez nous la
cosmétique de l’extrême gauche. »
Vu comme cela, c’est vrai qu’il y avait de quoi tout envoyer valser, surtout que l’animal y consacrait cinq heures par jour, « pris sur mon temps de lecture, sur mon temps de promenade, sur mon temps d’écriture,de musique,sur le temps que je passais avec mes
amis et même sur mon temps d’ennui. » Adieu, donc, monde virtuel !
Adieu Gouines-satanistes-pour-la-vasectomie-générale-tout-desuite.
com et Retenez-moi-ou-je-détruis-le-capitalisme-avec-ma-bite-cesoir-
même.org ! À la revoyure, l’Arsène, dans le monde des vivants !
ON N’OUBLIE PAS
Triste anniversaire : dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2007, au cœur d’une campagne électorale pourrie, où les borborygmes patriotards venus de droite et de gauche empoisonnaient l’air ambiant,Ibrahima Sylla, étudiant guinéen, était massacré sur la route de la cité U de Luminy, à la périphérie de Marseille. Un promeneur le retrouva lardé de coups de couteau, la tête défoncée à coups de pierre et son passeport délicatement posé sur son corps calciné.Deux ans après, l’enquête piétine. Une marche a été organisée sur les lieux du crime. Marseille, capitale européenne de la culture de l’impunité ?
INGRATITUDE
Forcément, ça fout un peu les jetons. Le « grand public » était invité par les services de l’État à débattre avec les « représentants des forces de l’ordre » sur « les libertés et la sécurité des citoyens ». C’était le 8 avril, à la Maison des syndicats de Châlons-en- Champagne. Pour préserver leurs libertés et leur sécurité, lesdits citoyens ont préféré décliner. Résultat, une petite vingtaine d’élus locaux venus se montrer dans la salle à toutes fins utiles et, sur la scène, un gros contingent de bleus de tout acabit pour assurer l’ambiance. On ne sait pas encore si les représentants de l’ordre ont engagé des poursuites pour « outrage à l’uniforme » contre la population absente.
SALES GOSSES
Les « désobéisseurs » s’accrochent. Ils sont plus de 2500 enseignants à (...)
>>suite>>
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