LA MARTINIQUE, l’agonie moderne de la démocratie représentative est aggravée par le fait que les élus ne disposent que de pseudo-pouvoirs reçus non du peuple mais de l’État français. La participation aux élections « nationales » ou européennes est ici insignifiante. Or ce sont elles qui fixent le cadre des pouvoirs locaux. La région et le département sont en effet des produits importés au sein desquels les politiques insulaires gesticulent en vain. Après le grand soulèvement (...)
Quelques séquestrations de patrons, la mise à sac de la sous-préf’ de Compiègne... Rien que de très banal dans la construction d’un rapport de force. Parfois, cela peut même passer inaperçu, comme ce saccage du bureau de la Voynet de l’environnement en 1999 par de rustres agriculteurs vite pardonnés. Mais là, fichtre ! la privation de liberté de quelques liquidateurs de boîtes, sur fond de crise économique et de cuisante grève générale guadeloupéenne, fait pousser des cris d’orfraie à nos dominants. S’il y avait autant de pavés balancés que de fois où les mots « révolte », « insurrection » et « révolution » sont brandis par la presse, y a belle lurette que les barbares qui nous gouvernent joueraient aux osselets sous des monticules de grès. On ne voit pourtant poindre qu’une quatrième (le 26 mai) et une cinquième (le 13 juin) flâneries « de mobilisation », organisées sans rire par les syndicats, en guise de grand chamboultou promis par les (...)
’EST DRÔLE : elle vient d’envoyer un
CV pour tenter de devenir
conseillère ANPE – pardon Pôle
emploi –, « non par dépit », précise-t-
elle. Mais pas franchement dans
l’hilarité : cela fait maintenant
un bout de temps que la
Vitrollaise Sabine Parat galère,
enchaînant les petits boulots.
En ce moment, avec son
diplôme de communication de
l’EJCM [4] et sa licence d’histoire, elle donne dans l’accompagnement
scolaire à raison de six
heures par semaine royalement
rémunérées 160 euros par mois.
Et ses allocs chômage sont épuisées
depuis début février.
Histoire de se marrer un peu
plus, Sabine Parat, 35 ans, fait
partie des 35 recalculés marseillais,
qui avaient remporté
des victoires devant le tribunal
de grande instance de Marseille,
la cour d’appel d’Aix-en-
Provence, puis avaient paumé
en cassation. La cour d’appel de
Lyon (huit dossiers ont été
traités à Lyon, mais la décision
les concerne tous) vient de rembarrer,
le 31 mars, les recalculés – définitivement ou
presque (le comité chômeurs CGT envisage
une suite auprès d’instances européennes).
Pour elle, tout commence en 2003 lorsque, en
tant que demandeuse d’emploi sous le régime
du fameux Pare (Plan d’aide au retour à l’emploi)
signé en 2002, on lui explique que, finalement,
ses droits sont amputés de plus de 200 jours. « J’ai été une des premières à aller voir Charles Hoareau [CGT Marseille],
explique-t-elle. On a réfléchi, on ne pouvait pas
laisser passer ça. On a donc tracté, on allait aux
ANPE informer les chômeurs,mais au début ça
ne marchait pas fort : la plupart n’avaient pas
encore reçu de courrier… » Le petit groupe
décide de lancer une action en justice,
contacte une avocate, fait des recherches.
« Personne n’y croyait, même la CGT ; les
médias ne suivaient pas trop.Mais fin janvier
2004, après un premier rejet, l’action est
engagée et des chômeurs sont venus grossir les
rangs car ils étaient de plus en plus nombreux
à se retrouver en fin de droits. C’est à ce
moment-là que nous avions mis la main sur
une note de l’Assedic qui précisait qu’il fallait
informer les demandeurs d’emploi au coup par
coup, et non d’un bloc. » Histoire d’éviter un
mécontentement général. Le 1er avril 2004, elle
se retrouve au RMI, mais peu après les recalculés
gagnent à Marseille. « Le gouvernement
a été pris de court », estime Sabine. En mai, un
décret rétablit les droits des
chômeurs recalculés, le Pare
est un contrat, une convention
Unedic ne peut avoir
d’effets rétroactifs sur les
allocations auquel il donne
droit.
« Ensuite l’Unedic a fait
appel : on s’y attendait, ça lui
était difficile d’admettre sa
défaite face aux 35… » En tout
cas, la cour d’appel d’Aix,
pour une fois dans le sens de
la justice, suit la décision du
TGI de Marseille en juin
2004. Mais l’Unedic se pourvoit
en cassation et en 2007
la cour tranche en sa faveur :
en gros, le recalcul des droits
ne s’apparente pas à une
rupture de contrat. Depuis,
Sabine est « écœurée ». Et avec la décision de la cour
d’appel de Lyon, en mars
dernier, « c’est surtout
l’Unedic qui perd en crédibilité
à vouloir absolument avoir le dernier mot, remarque-t-elle. Les chômeurs
sont traités comme des citoyens de
seconde zone, leurs droits n’ont pas à être respectés
comme ceux des salariés. Et demain
alors, n’importe quel texte pourra être rétroactif ?! » Faudrait y réfléchir en haut lieu, c’est assez commode pour gouverner…
SANS COMMENTAIRE
JT de France 2, mardi 21 avril, jour où la sous-préfecture de Compiègne a subi les foudres des ouvriers de Continental : David Pujadas : « Xavier Mathieu, on entend votre colère, mais est-ce que vous lancez un appel au calme ce soir ? » Xavier Mathieu [délégué syndical CGT Continental] : « Je lance rien du tout. J’ai pas d’appel au calme à lancer. Les gens sont en colère et la colère il faut qu’elle s’exprime. Il y a un proverbe des dernières manifestations qui dit “Qui sème la misère récolte la colère.” C’est ce qu’ils ont aujourd’hui. Il y a plus de 1000 familles qui vont être à la rue, qui vont crever dans vingt-trois mois avec plus rien, qui vont être obligées de vendre leur baraque. Il faut que tous vous compreniez ça. On ne veut pas crever... » David Pujadas : « Merci, monsieur Mathieu, d’avoir été en direct avec nous. »
CONSEIL CONSO
Posté à Paris le jeudi en Chronopost, un manuscrit corrigé n’est arrivé au journal… que le mercredi suivant. Le guichetier de La Poste aurait pu prévenir l’envoyeur que ce courrier à plus de 20 euros pièce n’allait pas pouvoir être livré dans une boîte postale. Quand on le fait remarquer à la demoiselle du service « Suivi de vos envois », elle rétorque tout de go : « Vous savez, à La Poste, ils ne connaissent pas toutes les conditions de Chronopost, ce sont des fonctionnaires... » Celle-là, si elle a un emploi précaire de merde, (...)
>>suite>>
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