C’est à une modeste œuvre de salubrité publique que se sont attelés trois gars et une fille qui en veulent : étaler les turpitudes de dix faiseurs d’opinion dans un livre vengeur. Que certains parmi ces quatre auteurs soient des collaborateurs de CQFD n’explique en rien la chronique qui va suivre.
SÉBASTIEN FONTENELLE, chef de ce chantier de déconstruction, rappelle que, même si le dossier d’accusation des Éditocrates était particulièrement épais, il s’agissait au départ de « se faire plaisir à apporter un peu de contradiction face à ces mecs qui, tout en racontant vraiment n’importe quoi, continuent d’incarner la pensée dominante, au coeur de la fabrication du consentement ». À ce jeu, les Adler, BHL, Marseille, Val sont tous fort méritants. Avec cependant (...)
Signe des temps, l’affaire Villemin, du nom de ce feuilleton médiatico-judiciaire des années 80, est relancée sur les ondes grâce à la désormais possible analyse des traces ADN. Qui a procédé au lest du sac-poubelle contenant le corps du gamin avant de le précipiter dans la Vologne (dont Benoît Poelevoorde nous rappelait le calcul des justes proportions dans C’est arrivé près de chez vous) ? Le corbeau au centre du drame tragique, était-il un homme – tonton Bernard –, une femme – maman Christine – ou un épouvantail à moineaux – chapeau de sorcière, falzar de clochard italien, pardessus de Michel Fourniret ? Autant de questions qui trouveront, à n’en point douter, une réponse prochaine et scientifique. Denis Robert nous a raconté dans un livre paru en 2006, Au cœur de l’affaire Villemin : Mémoires d’un rat, combien cette histoire avait été pour lui une épreuve initiatique. Il s’est retrouvé coincé entre un Serge (...)
ADEMOISELLE EST PERSUADÉE que si tu ne ponctues
pas systématiquement tes phrases par
« Mamadou » lorsque tu t’adresses à un sans-papiers,
tu peux aussi apprendre à parler à une
féministe dite « radicale » sans marcher sur des œufs. Pour cela,
il faut d’abord apprendre à la distinguer dans la grande meute
féministe. Sache qu’on y trouve de tout : de la laïcarde cheveux
au vent, à la paritariste participative, en passant par la grande
prêtresse de la nature féminine. Ceci dit, le plus simple et le
plus à la mode actuellement reste tout de même de se définir,
avant tout, comme une « féministe respectable ».
Le féminisme respectable, c’est un peu comme l’écologie ou
le commerce équitable de supermarché, on rechigne un peu
au début mais finalement on s’y met assez facilement. Le tout
est de le faire à peu de frais, ou au moins d’une manière efficace.
Mademoiselle va te donner un exemple à partir d’un
article pêché dans Sud-Ouest (qu’on devrait d’ailleurs lire plus
souvent).Il y est question d’un débat autour du voile intégral,
organisé par une association de féministes très respectables,
l’idée consistant généralement, chez elles, à relayer les problématiques
imposées par les médias dominants. De cette
réunion, ce que retient Sud-Ouest, c’est qu’elle s’est déroulée
sans « membre de la communauté musulmane, peu présente
localement,mais [avec]nombre d’hommes ». Tu vois, réunir une
majorité de mâles blancs pour les faire causer de cette terrifiante
menace que serait le foulard, c’est ça le féminisme respectable.
Et les médias aiment, parce que reconnais que c’est
assez pratique pour taper sur les Arabes à coup de beurette
opprimée,et de faire croire que chez nous, les femmes, on les
aiiime. L’astuce est déclinable indéfiniment, bien entendu.
Maintenant que tu sais reconnaître la féministe respectable,
Mademoiselle voudrait te rassurer quant à la féministe radicale
qui, tu l’auras compris, n’aime pas vraiment la féministe
respectable. Tout d’abord, une radicale ne se reconnaît pas à
son porte-clefs « on aura tes couilles » qu’elle balancerait négligemment
sous le nez d’hommes innocents et apeurés. Ensuite,
on n’en a encore jamais vu en pleine nuit, un sécateur à la
main, l’œil fou, errant dans les rues à la recherche de quelque
chose de viril à couper, ni à la maison, remplissant son congélateur
de petits enfants tout aussi innocents que leurs papas.
Bien souvent, la féministe radicale a tendance à se reconnaître
dans les idées développées par certaines féministes du
Mouvement de Libération des Femmes. Tu sais, ces nanas qui, dans les années 70, se rassemblaient sans les flashs ni les
caméras réservés aux révolutionnaires mâles patentés,
devenus depuis les clients les plus établis des plateaux télé.
Mais si ! Tu sais, ces femmes méprisées par des « camarades »
de gauche ayant, sans elles, établi une liste des combats prioritaires
et légitimes, ces militantes inventives et pertinentes
snobées par de vénérables éditeurs de gauche. Ça y est ? Tu vois
de qui je parle ? Eh bien, maintenant que tu sais reconnaître
la féministe radicale, Mademoiselle se fera un plaisir de te la
faire découvrir, si CQFD continue d’ouvrir ses colonnes à une
féministe – horreur et damnation.
Peut-être qu’ainsi, tu comprendras la difficulté d’être née à
une époque où féminisme rime avec Chiennes de Garde, une
époque où le répertoire d’action féministe consiste, pour l’essentiel,
à comptabiliser le nombre de « filles de » qui réussissent
à s’asseoir sur les bancs de l’Assemblée. Peut-être même
que tu saisiras à quel point il est nécessaire d’avoir de l’humour
pour supporter la terrible solitude qui te tombe sur les épaules
face à la nigaude –jamais contrariante– qui brame qu’elle
« aime trop les hommes pour être féministe »
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